Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 20 juillet 2017

LECTURE CÔTIÈRE


Pour ajouter au régional, ou presque. Lecture mobile et côtière. Kamouraska d’Anne Hébert. On délaisse sans scrupule l’intrigue-passion et le point de vue féminin, très années 60-70 par certaines résonances. Ce qui retient le plus : la découpe ponctuative, qui tend le récit vers le poème ; la force du point spécialement, avec ses phrases à infinitifs et substantifs : « Dissimuler toutes les cordes, les lanières, les licous. Donner des ordres sévères aux domestiques. Empêcher cet homme de se pendre. De me détruire avec lui. Vivre. Accoucher pour la seconde fois. » Etc. À mettre en lien avec la mise en séquence brève qui conjure les divisions chapitres-parties du romanesque ordinaire.