Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 24 juillet 2017

LA VIRGULE DU TEMPS


Une varicelle, moins qu’une varice. Sorte de virgule, minuscule étoile de sang, qui suit le contour osseux de la cheville, au bas d’un corps lui-même disproportionné : l’abdomen arrondi à la manière du phoque dit commun, auquel on aurait greffé cependant deux bras maigres, plus utiles à tourner les pages d’un livre, semble-t-il, qu’à soulever des poids surhumains. Une barbe sale et anarchique au lieu de vibrisses, dans le genre de ces balais destinés à récurer les tréfonds de la toilette. Le tout fait un profil renflé et barbouillé, moins viril qu’asymétrique. Assis sur un banc, jambe nue et trop blanche, il contemple pendant une minute son singulier tatouage. Il frotte, presque désespérément, comme s’il pouvait faire disparaître ce témoignage embarrassant d’usure.