Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 10 octobre 2016

LA GRIFFE DESPOTE

S’il hante la cervelle de Baudelaire, éveille les passions chez Colette ou surveille les récits de Malraux, le mien est banalement domestique et despote. Non qu’il ne soit peut-être dépourvu de tels dons métaphysiques ou épiphaniques. Mais ses apparitions soudaines et inexpliquées, il les signale plutôt en rôdeur et en musicien. Ce double personnage change, sans égard ni affection, le propriétaire en vulgaire maître d’hôtel, tout juste capable d’assurer le gîte inutile, un couvert à la rigueur pour servir aux élans nocturnes ou matinaux de la boulimie. C’est au démaillage très sonore du screen que le guitariste, s’essayant à une diatonie furibonde, fait à coup sûr son entrée. À l’étiquette qu’il dédaigne naturellement, il substitue alors une autre cérémonie d’intérieur : le rite de la pouillerie.