Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 14 juillet 2016

BRIN D'HERBE

    Cette phrase de Hugo, quelque part dans le carnet de 1870 : "Ce matin, j'ai vu un brin d'herbe pousser entre deux pavés." Voir ce que tout le monde foule des pieds, un élément aussi infime que dérisoire, cette chose insignifiante à laquelle personne ne prête attention. L'exhausser du même geste à la dignité de la parole. On ne peut être le poète des Misérables, des humbles et des sans-noms de l'histoire si on ne sait pas voir ce brin d'herbe.
   La littérature commence là peut-être, au ras de terre ; et elle s'y engage aussitôt comme politique.