Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 21 octobre 2019

ALLER SON CHEMIN

Au départ, le travail obsessionnel sur soi (sur ses origines aussi probablement), de ce que JLL appelle le « luxe » – ce surplus de privilège tourné vers « l’insouciance » (p. 44) – le beau et l’inutile alors que vont les horreurs du monde – l’ordre de la mauvaise conscience du créateur ; ce qui repense ensuite les lieux communs de l’engagement – ses variantes post-sartriennes, désorbitées de leur économie théorique première, et souvent rebattues dans ces années 80-90, mais adressés particulièrement au théâtre aux prises immédiates avec la société. Ce qui leur est opposé – la résistance éthique : « aller son chemin » (p. 45). Et dans le cours du monde, la difficulté majeure est de savoir « comment » (id.). L’expression est plusieurs fois invoquée par l’écrivain. Aller son chemin n’est possible que pour qui tient l’art au rang de « questionnement » et non de « réponse », de ce qui fait et défait « la maison commune de notre citoyenneté » (id.)