Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 26 octobre 2018

PHRASE NOCTURNE

Chéreau, mai 2010, à propos de La nuit juste avant les forêts (1977), mise en scène avec le comédien Romain Duris ; l’impossible ciblage initial au moment de la découverte du texte, simultanément à Combat de nègre et de chiens : ce qui s’impose « sous la forme intimidante d’une grande phrase unique de vingtcinq pages qui ne me donnait aucune porte pour y entrer, pas une fenêtre, pas un soupirail pour regarder à l’intérieur. » À vrai dire, 63 p. dans la version Minuit, et une phrase-fugue, avec thèmes, expositions, contre-expositions, strette, sans borne finale qui « parle de tout » et manque de tout, travaillée de l’intérieur par le silence et l’indicible à la mesure de son indiscontinuité, et qui reste phrase. (Patrice Chéreau au Louvre – les visages et les corps, 2010-2011).