Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 31 octobre 2018

CAMARADE, JE T'AIME

Alors qu’il s’agit d’« y voir clair » (p. 314), et d’abord en soi-même, selon un réseau entremêlé de questions qui vont de l’amour (les bougainvilliers, la scène de la pirogue – ce que Koltès classe en « impressions esthétiques », id.) à la politique, il m’a toujours semblé que le locuteur de La Nuit juste avant les forêts, un an ou deux ans plus tôt, aux prises avec le « fouillis » et le « bordel » qui sont les siens, déportant vers lindicible, est déjà en avant de ces questions, « je te regarde, je t’aime, camarade, camarade » (Minuit, 1983, p. 63) – par l’envers, tous les déracinés, les poussés-au-cul-du-monde-venus-de-je-ne-sais-où, comme il est dit.