Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 25 octobre 2017

ILLUSIONS À LEVER


Les mêmes procédures à revers des classements, des terminologies, des modes de penser en usage dans un cadre qui n’est guère mis en cause, en partant de ses limites, de ses apories : à propos de la « fonction jonctive » du verbe être, « nos langues familières nous font illusion sous ce rapport » (p. 189) ; ou pour ce qui concerne la phrase relative admise pourtant au rang de phénomène universel : « Nous n’examinons qu’en dernier les faits indo-européens, pour nous libérer d’une analyse traditionnelle et pour fonder la définition sur des critères d’une plus grande objectivité » (p. 209) – d’où le recours aux langues africaines, amérindiennes comme à l’arabe – la méthode est celle de l’excentration ou du décentrement : la compréhension se mesure à la distance produite, contre « le cadre traditionnel où ces faits sont immuablement rangés » (p. 214) et l’ethnocentrisme d’une syntaxe dû finalement au « modèle qui nous est aujourd’hui familier » (p. 215). Démarche identique à propos de la morphologie verbale et des divisions naturelles du temps ou du paradigme des pronoms personnels – qui donnent lieu aux analyses connues sur l’énonciation et à la corrélation de subjectivité et de personnalité je : tu. Contre « l’habitude » (p. 250), il s’agit de questionner ou « mettre en question l’évidence » (p. 258) certes mais dans le but de « faire reconnaître » (p. 277) un problème, des enjeux, de nouvelles articulations, c’est-à-dire une redistribution des données formelles de la langue, des langues. Au-delà du savoir introduit, changer les représentations.