Plus de dix jours d’occupation dans le hall du pavillon des Arts de McGill, puis : plus rien, suite à une éclosion de covid ! Le mouvement activiste Divest, à la base d’abord environnementaliste – la justice climatique (ce concept oxymorique) – avait installé ses tentes dans l’ancienne résidence du fondateur. Le même phénomène, quelques jours plus tard, à l'Université de Montréal. Un matin, partout sur le campus, le long des murs, sur les fenêtres, les piliers, les messages anarchistes et les invectives anti-autoritaires (All Cops are Bastards !) comblaient ce vide soudain. Rappel de la statue du fondateur, peinturée au rouge le plus vif en juillet 2021, un geste légitimé par la rectrice Suzanne Fortier comme manière de s’exprimer des activistes eu égard au passé esclavagiste de James McGill. On piaffe surtout d’impatience à la prochaine sortie rhétorique de l’administration. Car celle-ci est restée bien muette. Ces pratiques s’inscrivent bien entendu dans l’histoire du vandalisme et en contrepoint du déboulonnage de statues auquel on a assisté en Europe, en Amérique du Nord, dans nombre d’anciennes colonies. Ce qui retient l’attention du promeneur c’est l’art formulaire des revendications, croisant les attaques décoloniales contre l’institution et des allusions répétées au mouvement social de 2011 : « Occupy everything. Occupy McGill ». La part d’utopie – au sens propre : occupy everything. En noir, en rouge, trois slogans sur les anciennes pierres grises pour finir : decolonize, divest, democratize. Rien ne sera venu de l’université elle-même qui, en moins de 48 heures, aura rapidement effacé les traces du terrible crime. Les cancelleurs cancellés en quelque sorte...