Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 4 mars 2022

DU STYLE

     Au rang des lieux communs, cette déclaration du Guide de la communication inclusive de l’UQAM : « C’est une communication qui a du style. Inclusivité et style peuvent faire bon ménage. Il suffit de trouver le bon équilibre entre les différents procédés de rédaction. Les textes y gagnent en qualité et en justesse de représentation. » (p. 44) L’optique est prioritairement celle des techniques d’expression. Mais la notion de « style » ne concerne pas uniquement les procédés expressifs de la langue et leur potentiel de communication. Ce qui a du style, c’est en plus d’être représentatif, d’être distingué : ce qui est inclusif est moins ce qui totalise et rassemble que ce qui différencie. Autrement dit, le scripteur qui s’énoncerait par cette nouvelle orthographie gagnerait une plus-value sociale et culturelle. C’est sous l’angle de cette distinction que doit se comprendre une déclaration telle que : « En embrassant la diversité et en la rendant visible, elle peut contribuer  à la fidélisation et au sentiment d’appartenance parce que davantage de personnes se sentent interpellées. C’est une communication rassembleuse qui peut stimuler la prise de parole et donner une voix plus forte à différents groupes. » (p. 45). Le sentiment d’appartenance : on ne saurait mieux avouer l’esprit de corps et le sens de la classe – celle qui a les instruments du savoir, de la langue, de la transmission, etc. À mes yeux, l’écriture inclusive, en plus des défis cognitifs posés par la reconnaissance élémentaire de certains morphèmes et par la didactique et l’apprentissage de ces formes – est sans doute ce qui révèle le plus clairement la dimension résolument élitaire de l’éveillisme et du mouvement de justice sociale. Le style de gauche, de cette (pseudo-)gauche qui se pique de célèbrer avec un lyrisme appuyé la diversité qu’elle fantasme d’abord pour elle-même.