Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 11 août 2019

DOSTOÏVESKI ENSABLÉ

Ce que réserve en surprises la littérature russe, précisément. Ne jamais laisser traîner sur un bord de plage improbable, perdu à la pointe de la Nouvelle Écosse, un exemplaire jaune dépareillé de Crime et Châtiment, courageusement tenté pour la troisième ou quatrième fois en dépit des détours narratifs et des longs monologues de Raskolnikov, car l’on risque cette apostrophe louche d’un voisin, que l’on croyait indifférent, allongé sur le sable à quelques mètres, uniquement préoccupé par son bronzage  : « J’ai vu que vous lisiez Crime et Châtiment. Moi-même…, etc. » Et c’est la rencontre inévitable d’habitus cultivés qui entament une conversation hautement philosophique sous le soleil de juillet.