Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 14 août 2019

ATTRIBUTION

Hier, renoué avec Villiers et son Tableau de Paris sous la Commune, et tout… le restant de l’œuvre. En même temps qu’elle est incontournable – et elle occupe depuis les années cinquante les éditeurs qui ont bien voulu se pencher sur cet infime détail de l’histoire littéraire – la question est d’emblée détournée par la logique même de l’attribution. On se retrouve en terrain miné, celui du vrai et du faux, de l’authentique et de l’apocryphe, de l’autographe et de l’allographe. Le processus de reconnaissance ressortit moins au geste de connaître cette œuvre de quelques pages que de vérifier et d’identifier sur la base du connu – une typologie de critères biographiques, philologiques (les preuves documentaires, la cohérence des datations, les sources épistolaires entre autres), idéologiques (limpossible et paradoxale conciliation entre le monarchisme et le communalisme révolutionnaire) jusqu’au morcellement des traits et des tours de l’écriture (la réduction au « style »). On se piège dans l’alternative entre l’individu Villiers et l’individu œuvre. Et au fond : lire n’est possible au double point de vue poétique et politique de ce texte qu’à la condition de sortir précisément de cette démarche par attribution.