Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

samedi 17 février 2024

CONVERSATION INTÉRIEURE

   À mi-chemin d’un demi-hiver, d’intensives lectures pour parer aux improbables saisons, et renouer le fil ténu de la conversation intérieure. Plaisir à reprendre un texte d’il y a si longtemps, la même puissance de Cahier d’un retour au pays natal – comme vierge, la même violence critique : « la ténuité qui sépare l’une de l’autre Amérique » (éd. 1947, p. 24) ; les « marmonneurs de mots » (p. 33) ; « que les pulsations de l’humanité s’arrêtent aux portes de la négrerie » (p. 38) ; « la louange éclatante du crachat » (p. 42) ; « ceux qui n’ont connu de voyages que déracinements » (p. 44) ; et surtout : « et faites aussi de moi un homme d’ensemencement » (p. 49).