Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

samedi 17 février 2024

LUMIÈRES

     Article de Nadine Vincent dans Circula, n. 15, 2022, p. 122-145, sur le traitement polyphonique du mot « woke » qui valide la plupart de mes observations jusqu’à présent. Approche lexicographique pour l’essentiel de ce signe « caméléon » dans lequel coexistent des valeurs, positives et polémiques. S’y ajoute à mon avis que la dominante des emplois dans la rhétorique conservatrice a permis d’installer un lieu commun à gauche, celui que résume à merveille la bienpensance de François Cusset, lequel ne s’embarrasse guère de détails philologiques, un mot de droite à oublier, que ne revendiqueraient pas même les militants. Ce qui est faux – littéralement. Ce lieu commun a une fonction : camoufler l’existence d’un débat critique à gauche, il participe de la logique de polarisation du débat en plus de la volonté de puissance de la nouvelle gauche. La pensée binaire. Sur un autre plan, la synthèse sûrement datée mais éclairante de William G. McLoughin, Revivals, Awakenings, and Reform (1980). Ironie de l’histoire : l’enquête s’arrête avant la montée de la droite évangélique à la sauce reaganienne. Aussi : entre les « Old Lights » et les « New Lights », ce qui retient c’est le cas de James Davenport et des radicaux (voir Thomas S. Kidd), en plus de l’autodafé de 1743 évidemment. Mise au point stratégique de Christopher Evans sur le Social Gospel. Voir plus ancien aussi Richard Allen, et larticle plus récent d'Andrew Ives sur le versant canadien.