Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 26 juin 2019

TABLEAU ET SIGNATURE

Pris dans Villiers, le Tableau de Paris sous la Commune, paru sous le pseudonyme Marius (nom et technique journalistiques courants), dans la feuille fédéraliste Le Tribun du Peuple du 17 au 24 mai 1871, au milieu des événements, et de la Semaine sanglante. Ou convient-il de parler de pseudo-Villiers s’il est vrai que le texte a été sujet à controverse et se pose d’abord à travers une problématique de l’attribution ? Débat qui commence en 1953, résumé par les éditeurs de la Pléiade en 1986 des Œuvres complètes (Castex, Raitt, Bellefroid) qui en reproduisent le texte en petite police, mais doutent (sans certitude) qu’il soit effectivement de Villiers. Discussion relancée avec mordant et conviction par Sao Maï en 2008, qui souligne d’autant mieux les évidences et les contradictions des prédécesseurs. Le point de déni majeur réside dans la question politique : comment un écrivain d’ascendance catholique, aristocratique et réactionnaire a-t-il pu se commettre auprès de la Commune ? Les lieux communs de la critique à ce sujet me font tellement songer au cas Verlaine, pendant longtemps retiré à la littérature d’opposition dont il est pourtant l’un des représentants majeurs. Le présupposé commun du débat, indiqué par le pseudonyme Marius, est la signature ou l’écriture comme signature. Ou, ainsi qu’en conclut malicieusement le recenseur d’Histoires littéraires (avril-mai-juin 2009), nº38 (https://histoires-litteraires.fr/comptes-rendus/n38/), « si ce n’est pas Villiers, c’est quelqu’un qui lui ressemble étrangement »…