Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 30 juin 2019

LE SENS DU SILENCE

Dans un autre registre, le sens du silence qui occupe entièrement Élisabeth. L’ironie lancée à l’encontre du mari qui l’accuse de s’entretenir dans l’illusion des mots au lieu du bon sens et de la réalité : « « Des mots ?... Et avec quoi voulez-vous que je vous réponde ? Avec quoi me questionnez-vous ? » (p. 397). Le personnage oppose aussitôt « ma manière de parler » qui est « une autre façon de regarder ces choses », déclarations fondées sur cette croyance que « le monde n’a de sens que selon la puissance des mots » (p. 398) ; et cette puissance ne se sépare pas du silence (voir de nouveau la scène muette) : « Je vais renouer avec le Silence, c’est mon vieil ami » (p. 401).