Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 11 juin 2019

LE POINT D'ARTICULATION

De retour sur le point d’articulation concernant l’anthropologie poétique et politique des manières. C’est autour de cette obsession que s’est organisé ces dernières années le travail – mais sans l’ancrage théorique avancé nécessaire à l’élucidation des enjeux et des problèmes – par à-coups, par lectures, par œuvres – dans le singulier. Autre que les travaux lus et fréquentés. Sans perspective large. Il me semble que la prime question à laquelle il est nécessaire de répondre est : pourquoi construire le chantier sur le paradigme de la malfaçon. Précisément : pour sortir la relation aux manières de leur version idéaliste ou moraliste, l’angle par lequel les perçoivent généralement les sciences humaines – les manières étant liées à l’étiquette bourgeoise ou aristocratique, à la distinction et aux pouvoirs normatifs des classes dominantes, etc. Il se dégage plusieurs zones : 1. manières et langage(s) – et spécialement l’axe du dialogue et de la conversation, ce qui inclut deux choses par-delà le schème classique salonnier qu’on y associe en guise de cliché ; la composante pragmatique-culturelle ; le lieu révélateur à ce sujet qu’est le genre non-genre du théâtre. Il n’est pas d'heureux hasards, que ce soit chez les écrivains dramaturges que cette question s’explicite le plus ou le mieux. Et j’ai toujours été frappé de son poids chez Koltès. Pas seulement la partie mystique – politique sous le signe de Jean de la Croix (La nuit juste avant les forêts) mais la guerre familiale-fraternelle-culturelle (l’Algérie et la France), entre Adrien et Mathilde : Le retour au désert. 2. manières et goûts : la prise tardive du côté du dé-goût et du mauvais goût. Hugo et le goût comme raison du génie, Baudelaire, Corbière, Verlaine, Rimbaud, Lautréamont, Jarry, jusqu’à Beckett et Prigent, etc. 3. manières et savoirs : les théories de l’anthropologique (De Certeau / Bourdieu). Le morceau Durkheim-Mauss-Lévi-Strauss et les apories du modal. 4. manières et cultures. C’est à ce niveau que prend la dynamique du singulier commun. Avec d’un côté les catégories posées ou tenues pour suspectes – peuples et nations (des impérialismes XIXe s. aux populismes du XX/XXIe s.) ; et de l’autre : l’axe décolonial / postcolonial (où prend de biais l’emploi ethnographique). Tout ceci – un état provisoire à clarifier. Ce que je vois.