Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 30 juin 2019

AUTOGRAPHIE ET AUTRE

De retour aux notes, perdues au milieu de l’hiver, à la lecture de The Ethnography of Rhythm. Orality and its technologies par Haun Saussy, que j’ai déjà signalé. Vacance provisoire de l’esprit qui sert au moins à renouer avec un éclairage efficace. Non pas tant par certains présupposés derridiens de la question ; ou des cadrages épistémologiques du côté des Media Studies (la ligne McLuhan). L’enquête traverse certains repères – variablement oubliés, ou marginalisés – (et pour l’essentiel les sources sont françaises) – Milman Parry, Jean Paulhan, Marcel Jousse – ; surtout, elle importe par le dossier à la fois documenté et maîtrisé – reconstituant là encore un savoir perdu – celui de l’ingénierie acoustique fin XIXesiècle et l’essor des phonétiques instrumentales dans la section « Autography » (Fordham, 2016, p. 86-128) – l’épopée Rousselot et de ses suiveurs. En l’occurrence, tout se tient d’emblée dans ce geste inaugural de « look into the history » de l’émergence de l’oralité « as an object of discourse » (p. 4) et secondairement « the perturbation caused by the idea of oral literature » (p. 1) elle-même.