Les médias
du monde entier en mal de la bonne traduction
Le président américain Donald Trump a
posé une colle inhabituelle aux médias du monde entier, tenus de puiser dans
leurs lexiques les plus fleuris pour traduire ses propos, rapportés, sur les
« pays de merde » (« shithole countries » en version
originale).
Terme très vulgaire, « shithole »
se réfère aux latrines extérieures pour désigner un endroit particulièrement
repoussant.
Toute la difficulté pour les
traducteurs consiste à reproduire au mieux la grossièreté du langage, mais
aussi, parfois, à ménager la sensibilité du public, selon un florilège rapporté
par les bureaux de l’AFP.
En français, de nombreux médias, dont
l’AFP, ont retenu la formule très crue de « pays de merde », proche
du sens littéral et conforme au style souvent sans fioritures de M. Trump
— qui a toutefois laissé entendre vendredi ne pas avoir utilisé l’expression
incriminée.
Des dictionnaires bilingues comme le Harrap’s suggèrent
toutefois des alternatives moins grossières, comme « porcherie »,
« taudis » ou « trou paumé ».
La presse espagnole est à l’unisson
de la française avec « paises de mierda », des médias grecs
introduisant quant à eux une nuance : « pays de chiottes ».
Aux Pays-Bas, le grand quotidien Volkskrant et
une bonne partie de la presse néerlandophone esquivent la vulgarité en
utilisant le terme « achterlijke », ou « arriéré ».
En Russie, Ria Novosti parle de
« trou sale », mais le journal syndical Troud va
plus loin avec « trou à merde ».
En Italie, le Corriere della
Sera avance « merdier » (merdaio), et l’agence
tchèque CTK choisit de son côté de parler de « cul du monde ».
Les médias allemands optent souvent
pour l’expression « Dreckslöcher », qui peut se traduire par
« trous à rats ». L’allégorie animalière est aussi de mise dans la
presse serbe, avec l’expression « vukojebina », à savoir
« l’endroit où les loups copulent ».
En Asie, les médias semblent
davantage à la peine pour trouver le mot juste en langue locale, tout en
évitant parfois de choquer.
Au Japon, la chaîne NHK a choisi de
parler de « pays crasseux », l’agence Jiji utilisant un terme
familier, mais pas forcément injurieux pouvant se traduire par « pays
ressemblant à des toilettes ».
Les médias chinois se contentent en
général de parler de « mauvais pays », évitant de reproduire
l’expression originale dans sa grossièreté.
La version la plus allusive et la
plus imagée revient sans conteste à l’agence taïwanaise CNA, qui évoque des
« pays où les oiseaux ne pondent pas d’œufs ».